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PROJET PEDAGOGIQUE /

DISPOSITIF RELAIS OASIS année 2000/2001

(Outil d'Adaptation Scolaire et d'Insertion Sociale)

 

I. Descriptif du public visé :

On peut tout d'abord rappeler le Bulletin Officiel de l'Education Nationale, N°25 du 18 juin, qui précise quel est le public visé par les dispositifs relais : " Mais ce désintérêt profond vis-à-vis du travail scolaire peut également se manifester par une extrême passivité, une attitude de repli et d'autodépréciation systématique, un refus de tout investissement réel et durable. Pour autant, ces élèves ne relèvent pas de l'enseignement adapté ou spécialisé. Les classes relais n'accueillent pas les mêmes élèves que les autres dispositifs existant au collège, comme la 6e de consolidation, la 4e d'aide et soutien, la 3e d'insertion, les SEGPA, auxquels ils ne substituent pas. Il est demandé aux autorités académiques de veiller tout particulièrement à ce qu'il n'y ait sur ce point aucun risque de confusion ou de dérive. "

En effet, dans le but de viser à une certaine efficacité, il est nécessaire de bien préciser quel est le public visé. Le dispositif Oasis a reçu des jeunes en grande difficulté comportementale, exclus de deux, voire trois, collèges, jusqu'à présent toujours suivi par la Protection Judiciaire de la Jeunesse, mais ces jeunes ne relevaient ni de dispositifs traditionnels de l'Education Nationale, ni d'établissements spécialisés, cette directive est à rappeler et à suivre impérativement.

Le mode de recrutement a lui aussi été précisé par les différentes circulaires, les principaux de collèges envoient leur demande de prise en charge d'un de leurs élèves à l'Inspection Académique, qui les propose aux différents dispositifs.

En ce qui concerne OASIS, il est à noter que les jeunes ont, jusqu'à présent, tous été signalés par des éducateurs du CAE de Cannes, directeur Yves Panis, à l'initiative, en ce qui concerne la PJJ, de la création de la Classe de Cannes. Les jeunes suivent ensuite un parcours pour entrer dans le dispositif : Un jeune est signalé aux services de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, son éducateur lui propose d'entrer à OASIS. L'éducateur référent présente la structure OASIS au jeune et lui montre le bénéfice qu'il pourrait tirer d'une telle structure. L'éducateur référent continuera à servir de lien et sera présent lors de bilans que l'on voudrait mensuels.

Avant d'entrer à OASIS, Il voit tout d'abord un psychologue qui travaille sur la motivation, puis aborde un positionnement dynamique des capacités cognitives (ADRAFOM 06), passe un test, WISC, mesures psychométriques.

Au terme de ce bilan, il y a restitution au jeune et à toute l'équipe d'OASIS. Le psychologue qui travaille sur la motivation lui donne un compte rendu sur l'ensemble des tests qu'il a passés. A son arrivée sur le dispositif le jeune et l'équipe éducative établissent le projet personnel de travail et les objectifs à atteindre. Selon les situations les jeunes peuvent rester de trois mois à une année scolaire sur le dispositif.

D'une manière générale il est fondamental d'établir un " sas ", un espace de sécurité entre le moment où le collège renvoie un élève et celui où il intègre un dispositif relais.

En raison du caractère extrêmement particulier et individualisé du dispositif, on pense accueillir sur l'année une douzaine d'élèves au maximum.

 

II. Objectif du dispositif relais

 

L'objectif du dispositif relais est défini par son nom même, il s'agit d'un outil d'Adaptation Scolaire et d'Insertion Sociale. Il s'agit donc de permettre à des jeunes descolarisés de " retrouver le chemin de l'école ", et pour ce faire, cette école doit être particulière et ne pas reproduire évidemment celle qui est rejetée de la part de ces jeunes avec une violence rare. On vise plus concrètement à des formation qualifiantes, des CAP, et plus rarement, il faut l'avouer, à un retour dans un système scolaire classique (même si c'est ce vers quoi nous tendons).

Ces jeunes sont descolarisés souvent parce qu'il sont hors société, le dispositif vise aussi, sinon principalement à l'Insertion sociale.

Donc un objectif principal : re-scolarisation et insertion sociale.

Un objectif second, ou opératoire : l'acquisition de savoirs de base à travers des les projets de chaque jeune.

Le fait d'être reçu au Foyer Mimont, Foyer des Jeunes de Provence, 5 rue Mimont, 06400 Cannes, aide aussi à la socialisation (" nos " jeunes ne sont en aucun cas marginalisés mais intègrent un lieu privé, à vocation sociale qui a son propre règlement).

 

 

III. Déroulement des activités et emploi du temps

 

L'éducatrice et le professeur sont présent à temps complet sur le dispositif, le lundi, mardi, jeudi, vendredi de 9h30 à 15h30, sans interruption. Les repas sont pris en commun (ou a une table d'écart pour laisser les jeunes " respirer " entre eux). Un formateur ADRAFOM O6, vient le mardi matin et le jeudi matin et travaille sur les automatismes, la remédiation. Le professeur travaille sur les savoirs de base (français, anglais) en s'appuyant sur le projet de l'apprenant. Jusqu'à présent le vendredi était consacré soit à une sortie (demi-journée ou journée entière en rapport avec le travail fait dans la semaine, ces sorties, en vue d'une certaine cohérence, se développent sur 4 semaines).

OASIS est devenu site pilote Internet, nous utilisons cet outil pour des recherches, classement, résumés d'informations etc. Nous somme en train de travailler à notre propre page WEB où chaque jeune a sa part et s'y exprime librement.

Depuis mi-novembre, un professeur de mathématiques, vient le vendredi matin.

Le mardi après-midi les jeunes pratiquent un art martial : l'Aïkido, art martial " non-violent " ce qui s'intègre dans l'objectif général du dispositif ( à travers des choses aussi simples que : poser les tapis, saluer son partenaire, ranger les tapis, écouter, se tenir correctement, etc.). Le professeur de français, aussi brevet d'Etat d'Aïkido, donne les cours aidé d'une jeune femme, 2ème dan d'Aïkido. La mixité de l'équipe encadrante apporte à n'en pas douter un plus dans la mise en place de repères chez le jeune. L'Aïkido utilise la force du partenaire, et il est intéressant pour ces jeunes de comprendre qu'il y a d'autres réponses à la violence qu'une autre violence ; de plus qu'une femme puisse envoyer " valser de grands gaillards " aident à la mise en place de nouveaux repères plus fondamentalement humains et non seulement fondés sur la loi du plus fort.

 

 

IV. Evaluation

 

Comment vérifier les objectifs atteints ?

Il faut souligner que la notion d'évaluation est très difficile à quantifier étant donné la complexité des vécus adolescents rencontrés. On peut penser que les fruits du passage à OASIS seront récoltés en dehors du dispositif, une année, deux années plus tard, le dispositif ayant sans doute servi à " les remettre sur des rails ", à les resocialiser, à leur faire conscience " qu'ils peuvent y arriver aussi ".

On voudrait et paradoxalement dans un projet administratif commencer par un point qui est de l'ordre de l'impondérable et pourtant qui nous semble essentiel : le sourire. Si certains jeunes viennent au dispositif le visage fermé, on remarque une ouverture progressive, une confiance et l'apparition du sourire. Ce sourire c'est la preuve que ces jeunes, qui ont souvent une image négative d'eux-mêmes, en viennent progressivement à une certaine confiance en eux, à poser des actes gratifiants, à s'ouvrir au monde des adultes.

 

Sinon sur un plan scolaire, on précise les objectifs, les rendant très concrets (par exemple : écrire un court texte, faire une division à deux chiffres), le jeune lui-même voit ses progrès qui s'intègre dans son projet plus général. Nous utilisons aussi une grille de différentes compétences, le jeune met une croix dans la case correspondant à une compétence à chaque réussite d'exercice. Cette grille de compétences est reprise à partir de celles utilisées pour les CAP.

 

 

V. Déroulement de l'alternance : OASIS/STAGES EN ENTREPRISE

 

Afin d'ajouter à la dimension concrète du parcours à OASIS (puisque un des plus grand reproches des jeunes à l'égard du système scolaire traditionnel est ce sempiternel " à quoi ça sert "), on met en place un système d'alternance cours et stage. Néanmoins, les stage n'interviennent qu'après un temps d'appropriation du dispositif OASIS (en général après deux mois de cours).

Les stages interviennent en fonction du projet, ils y mettent de la réalité en même temps qu'ils permettent d'accéder à un autre niveau de socialisation, à un autre niveau d'entrée dans le monde des adultes.

 

VI. Moyens pédagogiques

 

Pour l'année 1999/2000 nous pouvons bénéficier d'espace supplémentaire, OASIS a investi un F3, ce qui nous permet d'avoir une salle ordinateurs, une salle de cours, et un bureau où l'on peut prendre à part les jeunes en cas de " dérapage ". La salle informatique comprend quatre ordinateurs, qui permettent un travail sur Cédéroms et de recherche sur Internet.

Le matériel pédagogique est en grande partie fourni par le professeur. Il faut toujours être à la recherche de nouveaux médias, de nouveaux supports qui permettent d'essayer d'intéresser des jeunes en refus de tout système traditionnel.

L'emploi jeune serait absolument nécessaire pour toute activité plus particulièrement hors classe (sorties, sport, etcÖ). L'emploi jeune permet aussi de faire le lien entre un public adolescent et des formateurs. Le travail entrepris à OASIS étant individualisé, la présence d'un emploi permet d'offrir une aide ponctuelle à un jeune à un moment donné.

On attend toujours un partenariat avec le CIO et en particulier avec le département pour jeunes en difficulté qui doit être mis en place.

Nous avons aussi des relations suivies et profitables avec l'Inspection Académique, ce qui permet de faire part des différents projets.

On remarque la nécessité d'entreprendre un travail thérapeutique avec certains de nos jeunes qui en ressentent le besoin. Ce travail apparaît comme prioritaire pour nombre d'entre eux pour leur permettre de se reconstruire et de profiter mieux de leur passage à OASIS. Nous avons travaillé avec l'association Métamorphoses, équipe formée de psychologues principalement, travaillant sur la science de la communication développée depuis une quinzaine d'années ; ainsi le soutien de Jean-Pierre Ancillotti, psychologue au sein de cette association, se révèle très utile autant pour l'équipe pédagogique que pour les jeunes. On ne saurait trop montrer la nécessité d'un soutien de ce type, autant d'ailleurs pour les "jeunes" que pour l'équipe de formateurs.

Le partenariat est très important par exemple celui avec l'Espace santé, celui avec les centres de sport, de voile, etc..

 

 

VII. Méthode pédagogie : une pédagogie individualisée.

 

La méthode pédagogique répond à deux critères fondamentaux : médiation et réduction de l'implicite. C'est à dire qu'on essaie toujours de valoriser le travail du jeune, qu'on lui donne un aspect formel et scolaire mais que l'on part toujours de son projet. Par ailleurs, on s'interdit toute démagogie, souvent une réflexion sur de véritables textes, sujets, apportent des résultats bien plus constructifs qu'une pédagogie " au rabais " (c'est d'ailleurs la prise de conscience de Philippe Mérieux, directeur de l'INRP, qui revient donc complètement sur ses positions antérieures, prônant un travail sur un corpus difficile et non pas sur des fiches de " mode d'emploi " de machines à laver comme on voulait l'enseigner il y a quelques années). Les jeunes ont le sentiment de ne pas être " respectés " si on ne donne pas du " vrai " travail.

 

VIII. Compte-rendu des années précédentes.

 

Le travail entrepris depuis l'année 1998/99, nous a permis de prendre conscience de certains points fondamentaux : l'impératif du suivi individualisé, de l'espace, de la prise en charge des jeunes en groupe de cinq ou six par pièce maximum afin de ne pas reproduire les phénomènes de groupe, la nécessité absolue d'un suivi psychologique pour certains de ces jeunes en grande détresse ou en grande souffrance, ce qui se traduit par des poussées de violence marquées.

 

Des jeunes que nous avons suivi l'année dernière : un est en classe d'insertion 3ème (où il cause quelques perturbations, même s'il a énormément progressé sur un plan comportemental par rapport à l'année où nous l'avons eu), un suit une formation sur le projet d'insertion Espaces Verts : horticulture, d'autres sont entrés dans la vie active, un est en apprentissage restauration.

 

 

Daniel LANCE (professeur Education Nationale)

Catherine MARTIN (éducatrice P.J.J.)